L'ECOLE AU MAROC
L’enseignement au Maroc
Il y a quelques années, un rapport de la Banque Mondiale faisait un constat
affligeant de la scolarisation au Maroc : montée du taux d’illettrisme,
infrastructures déplorables notamment en milieu rural, discrimination forte
entre villes et campagnes, entre riches et pauvres …
Les
marocains en âge de pouvoir lire et écrire (à partir de 11/12 ans) étaient
pour 50% d’entres eux analphabètes ! Si l’école est obligatoire, les
enfants non scolarisés se chiffraient à près de 3 millions, essentiellement en
zones rurales : l’école la plus proche peut être à plus de 8 kms, pas de
transport scolaire, pas de ressource pour acheter des fournitures scolaires …
et puis, aussi, au-delà de la pesanteur culturelle, l’enfant est dédié à la
survie de la microsociété familiale, pour les travaux de la maison ou celui des
champs …
Le « Plan
d’Urgence pour l’école » lancé par Sa Majesté Mohammed VI après la
parution du rapport de la Banque Mondiale, a eu des effets nuancés selon les
régions ou les provinces. Les résultats ne sont en tous les cas pas au niveau
des problèmes posés et des ambitions affichées
Un contexte singulier
Le Maroc n’a
pas vécu comme les autres pays du grand Maghreb la poussée des peuples lors
des « Printemps Arabes ». C’est sans doute la
traduction de ce qu’est une société bouillonnante mais parfois paradoxale entre
ses aspirations et ses choix. Si le peuple a soif de démocratie, l’autorité du
Roi impose le respect ; la justice sociale a du mal à se faire une place au
sein d’une administration et une vie politique minée par la corruption ; un
contraste profond entre un monde rural qui semble figé et des mégapoles
économiques et industrielles qui semblent aspirer les ressources …etc
Les
choses progressent à pas à pas dans de nombreux domaines néanmoins :
électrification, routes, réforme du Code de la famille (Moudwana), efforts sur
la liberté d’expression, lutte affichée contre la corruption.
Le Maroc, ce Royaume
aux multiples reflets magnifiques, à 20 kms de l’Europe, est un pays ami, dont
les efforts doivent être reconnus, aidés et accompagnés.
Utilité économique de l’enfant
Les
enfants sont des éléments essentiels dans la famille : il est nécessaire qu’ils
travaillent : garder les chèvres ou les moutons, participer aux travaux
agricoles pour les garçons ; aller chercher l’eau, le bois, pour les filles …
Plus tard peut même s’instaurer une forme d’exploitation économique dans le
travail des enfants dans l’agriculture ou l’artisanat : sans doute entre 500
000 et 1 million d’enfants de moins de 14/15 ans, dont près de 80% dans le
monde rural, sont ainsi exploités.
A contrario,
si l’école se veut gratuite, les fournitures scolaires ne sont pas fournies et
sont d’un prix quasi prohibitif pour les familles rurales.
Des arguments forts
donc, pour des parents déjà peu convaincus de l’utilité de scolariser les
enfants et plus spécifiquement les filles.
Des conditions dissuasives
S’il a la
chance d’être scolarisé, l’enfant est confronté à un contexte parfois
dissuasif. La langue tout d’abord, lorsque le jeune berbère doit apprendre
l’arabe qu’il ne connait pas. La distance de l’école souvent : l’habitat rural
est excessivement dispersé et les écoles, bâtiments posé au milieu de nulle
part, doivent être rejointent après 1 à 10 kms de marche, avec le froid ou la
chaleur, sur des sentiers pentus et caillouteux en régions montagneuses. L’état
des écoles est parfois pitoyable, avec des toitures en tôle ondulée percées,
des vitres brisées, des portes et fenêtres délabrées, des chaises et bureaux
vieux de plus de 50 ans parfois. L’absence d’eau engendre l’absence de
toilettes, facteur majeur de la déscolarisation des jeunes filles en âge de la
puberté.
La
poursuite de la scolarisation dans le secondaire est encore plus complexe :
outre la forte réticence à voir le jeune partir loin de la famille, surtout la
fille, le manque de transport scolaire est ici rédhibitoire.
Utilité de l’école ?
L’écolier
rural est un poids économique pour la famille. Et ceci d’autant plus que ses
parents ont du mal à percevoir l’utilité d’aller à l’école. Cela va-t-il
déboucher sur un travail ? Sinon alors pourquoi, se dira facilement le père, la
plupart du temps analphabète. Des pesanteurs culturelles sont également
présentes : un homme peut-il enseigner à une fille ? Véto souvent pour faire
poursuivre à une fille sa scolarité au-delà du primaire …
Le
travail fondamental, au-delà des aspects matériels et culturels, est à faire
auprès des parents, auprès desquels il faut avancer des arguments concrets :
possible emploi du lendemain ; amélioration de leurs propres conditions de vie
; attraits et atouts de l’éducation …
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